Il y a quelques années, quand on parlait d’arnaques sur Internet, on pensait directement à ces mails frauduleux envoyés depuis un anonyme à l’autre bout du monde dans l’intention de vous soutirer de l’argent. Aujourd’hui, ce « marché » de la misère intellectuelle laisse place à des manipulations plus pernicieuses, beaucoup plus proches de nous, dans les flux d’actualité de nos réseaux sociaux préférés, mais surtout via ceux de nos enfants et de nos ados. Le drop-shipping, en partenariat avec des youtubeurs très connus dits  « influenceurs »,  en fait désormais partie. Si la pratique a déjà été signalée et médiatisée par le passé sans vraiment attirer l’attention des masses, l’ampleur du phénomène est bien loin d’être isolé. Des dizaines de milliers de personnes en sont potentiellement les victimes.

Le Drop-shi-quoi ?

Drop-shipping signifie livraison directe (sans intermédiaire) en Français. Le plus souvent, il s’agit d’un système de sites marchands qui proposent des produits déjà en vente sur les sites d’autres fournisseurs, mais en gonflant les prix. Pour donner une image claire : imaginez un magasin Lidl. Juste à coté, un second magasin ouvre ses portes avec un nom prestigieux et vend des produits 10 fois plus chers. Sauf les produits en question sont strictement identiques et viennent directement du Lidl à coté. Caricatural ? C’est pourtant comme ça que fonctionne ce système, à l’exception près que le consommateur ignore l’origine réelle, et donc la qualité, du produit. Cette information lui est volontairement cachée pour pouvoir générer une marge sur base d’un vide : une zone d’incertitude.

Ces « faux sites » – souvent esthétiquement très réussis pour créer de la confiance – génèrent ainsi des profits en créant une nouvelle marge entre le véritable marchand et le client, sans stock, ni locaux, ni outil de production, ni système de livraison. Marge qui ne profitera donc ni aux travailleurs, ni à l’entreprise qui a fabriqué le produit. Si on voulait créer de l’or à partir du bronze, on ne s’y prendrait pas autrement. À ce stade, d’aucun dirait que le modèle capitaliste marchand est déjà fondé sur cet accaparement de richesse tout à fait légal aussi immoral soit-il. Et effectivement, il s’agit d’une « marchandisation » au sens le plus primitif du terme : prendre à « X » et vendre à « Z » en réalisant au passage une plus-value déterminée uniquement par la capacité du « drop-shippeur » à manipuler le consommateur par de fausses informations interdites dans le commerce classique.

À titre d’exemple, votre regard est attiré par une publicité qui propose une offre en or :  -75% de réduction sur une montre suisse de qualité supérieure ! 25€ seulement, au lieu de 100€ !

Une aubaine !! Du moins, c’est ce que raconte le site qui semble parfaitement professionnel sur la forme. Une fois la vente conclue, le site vous fait directement livrer la montre via le véritable marchand, le plus souvent chinois. Le fameuse montre low-cost ne coûtera en réalité 3 ou 5 euros à peine. Bénéfice : 22 euros net, une fois encore, sans n’avoir rien à faire. Il est ainsi possible, avec un investissement mineur, de générer des bénéfices colossaux sans rien produire, sans gestion de stock, sans devoir de livraison ou de garantie sur la qualité du produit, avec un minimum de connaissances en informatique pour gérer un tel site, et surtout une communauté à pigeonner…